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Le hic, c'est l'impunité

En passant de la dictature à la démocratie, l'Amérique latine a fait triompher les droits de l'homme, entre autres. Les régimes qui commettaient des violations massives des droits de l'homme ne sont plus. Les détentions arbitraires, la torture, les exécutions illégales et les disparitions sont largement choses du passé. En effet, les atteintes aux droits de l'homme qui perdurent aujourd'hui sont le plus souvent le fait de gouvernements qui sont trop faibles pour faire respecter la loi plutôt que de gouvernements tellement puissants qu'ils se placent au-dessus des lois.

La Commission interaméricaine des droits de l'homme, qui est un organe autonome de l'Organisation des États américains, est un observatoire de la situation des droits de l'homme dans la région. Ces dernières années, elle a été saisie de quelque 600 nouvelles affaires par an, qui sont en nette augmentation. Y aurait-il contradiction ? Pas selon Jorge Taiana, le secrétaire exécutif de la commission. Dans les sociétés d'aujourd'hui, plus ouvertes, a-t-il dit aux participants à une récente réunion au siège de la BID à Washington, les gens craignent moins de déposer une plainte auprès d'une organisation régionale lorsqu'ils ont le sentiment de ne pas avoir obtenu justice dans leur propre pays.

Au dire de Taiana, le grand hic aujourd'hui en matière de droits de l'homme, c'est l'impunité. En d'autres termes, des individus qui sont souvent des agents de l'État violent les droits de l'homme, sans être punis pour leurs actes. De nombreux maux tiennent aux faiblesses des systèmes judiciaires et au fait qu'ils sont incapables d'administrer la justice, et non à des gouvernements qui agissent sans foi ni loi comme jadis.

« Réduire l'impunité, voilà la priorité numéro un de la commission », a dit Taiana lors de la conférence.

Les affaires dont est au courant la commission concernent certes des particuliers, mais elles ont une grande incidence. Ainsi, si la commission est saisie d'un grand nombre de dossiers faisant état de brutalités policières dans un pays donné, c'est qu'il y a sans doute un problème au sein des forces de l'ordre. Les gouvernements doivent être plus attentifs aux affaires qui sont traitées par la commission, affirme Taiana.

Les pays d'Amérique latine ont fait des progrès notables sur le plan de la réforme de leurs économies. Ils doivent maintenant faire concourir leurs efforts pour mener ce qu'il est convenu d'appeler « la deuxième vague » de réformes, dont la justice est un des grands axes.

 

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